Tenue La porte de l’immeuble se referme dans un fracas derrière moi, alors qu’une fois de plus je regrette ma bêtise : quelle idée de m’habiller si léger dans un pays si froid ?! Paraît qu’on est dans une zone tempérée, mais c’est à peine si les températures maximales de Séoul atteignent les minimales en hiver, à Singapour. Comment suis-je censé croire qu’on est dans un pays tempérée avec ça ?! Le pire, c’est qu’autour de moi, tout le monde est en T-shirt, voir même en short.

Tout en rouspétant silencieusement, je me dirige vers une bouche de métro, m’engouffrant dans la première trame qui arrive. Cette fois, j’ai bon espoir de ne pas m’être trompé, et d’avoir pris la bonne direction. Gangnam. Le quartier qui fait exploser mon porte-monnaie à chaque fois que j’y vais… même s’il n’y a déjà rien dedans quand je quitte l’appart. Le métro arrive enfin à la station voulu. Je crois en tout cas : oui, c’est bien ici. Je reconnais le kiosque en face de la rame, occupé par un vendeur corpulent et vulgaire… voilà bien une chose que je connais très bien en Coréen, les vulgarités. Perdu dans mes pensées, je ne fais pas vraiment attention où je marche. Je percute quelques Coréens qui passent sur mon chemin, mais rien de bien important. Jusqu’au moment où je vois un fantôme. Et pas n’importe quel fantôme. Byeol Ae Ram. Je crois m’être trompé, mais sa longue chevelure, son allure fine et élancée… c’est elle. Soudain, j’accélère le pas pour la rattraper. Si bien qu’au final, je me mets à courir dans la station bondé, je bouscule plusieurs passants, plus violement cette fois-ci. Quelques insultes en Malaisien pour me défouler, et puis j’y suis : Ae Ram. J’attrape son poignet, je la retourne. « Ae Ram… » Un des noms Coréens que j’ai le plus prononcé, et le plus regretté. Cette fille, cette Coréenne que j’ai rencontrée à peine arrivé à Séoul, j’ai voulu devenir un prince charmant pour elle. Mais dans les contes de fées, les méchants ne deviennent pas des princes charmants : elle est la belle, je suis la bête, mais je ne pourrais jamais devenir le prince riche et beau que j’aurais voulu être pour elle. Je ne sais pas quoi lui dire, pas quoi faire. Je prononce une seconde fois son prénom, ne lâchant sous aucun prétexte son poignet, de peur qu’elle s’envole, comme un rêve qui n’aurait jamais dû venir à moi. « Pourquoi ? » J’en perds mon Coréen. Est-ce que je l’aime toujours ? Je ne crois pas, est-ce que je ne l’ai jamais vraiment aimé ? N’était-elle pas plutôt la princesse dont j’ai toujours rêvé ? Un rêve, voilà, Ae Ram est un rêve. Et une fois réveillé, on veut le reprendre, continuer là où tout s’était arrêté, mais pourtant, même en s’y replongeant plus profondément que jamais, les choses ne sont pas comme escompté.