Tenue Complètement défoncé à l’ecstasy, je ne sais pas vraiment qu’elle lubie m’a fait aller jusqu’ici, mais maintenant que j’y suis, je ne peux plus faire demi-tour : la maison familiale de Sae Ho. Un édifice qui me rappelle bien des souvenirs… inexistants. Des souvenirs inventés, ceux d’un passé fait d’argent et de luxure. Je me suis inventé ce passé pour m’intégrer, mais ça a gâché ma vie. Je croyais pouvoir m’entendre et trouver des avantages à être avec des personnes appartenant dont le niveau social se situe au sommet, mais je n’aurais jamais dû le faire. Je sais aujourd’hui qu’il est impossible de s’intégrer dans un monde tel que celui-ci… et qu’est-ce que je fais aujourd’hui même ? La même chose. Je recommence. Pire encore, ce n’est pas de l’amitié que je cherche. « Que puis-je pour vous ? » Je sursaute. Je n’avais pas vu que quelqu’un avait ouvert la porte d’entrée. Je bafouille quelques mots dans un mauvais Coréen, demandant à voir Sae Ho. La personne qui m’a ouverte –peut-être un domestique- semble avoir compris que je ne suis pas dans un état normal, mais étrangement, après avoir hésité quelques secondes, elle m’a indiqué une pièce où attendre.

L’attente me paraît interminable, mais peut-être au final n’était-ce que quelques secondes ? Quoi qu’il en soit, Sae Ho est là à présent, devant moi. « Lut’ Sae Ho » Au fond de moi, une petite voix -la voix de la raison, celle qui d’ordinaire est aux abonnés absents avec moi-, me dit de faire demi-tour, de rentrer chez moi pour me terrer dans la salle de bain jusqu’à ce que je ne sois plus sous les influences de la drogue. Mais cette voix a beau crier, je ne l’entend pas. Quelque part, j’ai cherché cette situation : je me suis drogué pour trouver le courage de voir Sae Ho. Sans l’ecstasy, je n’aurais pas l’audace de poser ma main sur la joue du jeune homme, comme je le fais actuellement. « T’es particulièrement sexy aujourd’hui… »

looklike Sae Ho dormait bien tranquillement, installé sous sa tonne de couvertures, sa tête posée contre l'oreiller. Il dormait comme un petit bébé, rattrapant sa nuit passée à regarder des émissions stupides - qui lui ont absorbé le reste de neurones qu'il avait. Il avait ce petit sourire au visage, signe qu'il faisait un rêve fort agréable - ou qu'il dormait juste convenablement. Il se retournait fréquemment, jusqu'à ce que l'on vienne toquer à sa porte. D'abord une fois. Il n'y fit pas attention. Puis une seconde fois. Il grogna, posant ses mains sur ses oreilles. Il essayait de dormir, et on le forçait à se lever. Quelle heure était-il ? Sans doute pas très tôt. Et si il le pouvait, il dormirait bien toute la journée. Sans doute excédée, l'employée informa simplement qu'un garçon - dont la description lui rappelait fortement Tian Lei - l'attendait dans le salon.

Seul l'imagine de l'étranger le fit se lever, raide comme un pique. Ses yeux étaient définitivement bien ouverts, et il était plus que réveillé. Il enfila rapidement des affaires, se dépêchant - courant entre les pièces - pour arriver dans le salon. Une fois dedans, il observa la pièce silencieusement, à la recherche de son ami - qu'il trouva rapidement. Il lui sourit, alors, agitant sa main, très, très heureux de le voir - bien plus que si il était un simple copain. Tian Lei ! Il s'avançait, jusqu'à se retrouver en face de lui, toujours tout sourire. Son sourire s'effaça lentement en sentant la main du garçon sur sa joue, et en entendant ses mots. Comment dire, c'était... gênant ? Et étrange. Enfin, depuis le temps qu'il le connaissait, Sae Ho n'avait jamais entendu une telle phrase sortir des lèvres de Tian Lei. Il cligna alors rapidement des yeux, et décida de le prendre à la rigolade. Il agita alors sa mains, tout en se forçant à rire. Moh voyons ! Tu as mangé un clown aujourd'hui, Tian Lei ? Il pouffa, et alla caresser sa joue, l'imitant. Toi aussi, tu es particulièrement sexy aujourd'hui. Oui, bon, il insistait un peu trop sur chaque mot pour que cela sonne autrement que "mon gentil petit". Enfin, vous voyez le genre. Hormis notre beauté, tu as soif ? Faim ?

Je connais mieux que personnes les effets des drogues, l’ecstasy faisant partit de celles que je connais le mieux. Ainsi, je sais parfaitement si ce que je fais et ressent est le fruit de ces pilules, ou de ma propre personnalité. Et une chose est sure, la manière dont je me comporte actuellement n’est en rien naturel chez moi. Mais je ne veux rien y changer. S’il y a bien une chose que je peux dire de Sae Ho, c’est qu’il est très inexpressif. Tout comme moi. Sur ce point nous sommes faits pour être les meilleurs amis du monde. Mais le problème, c’est que je ne veux pas me satisfaire de ça. Je veux plus. Je veux Sae Ho. Et je sais que sans l’ecstasy, je n’aurais jamais été vers lui pour être si… inconvenant. Peu importe les conséquences après, pour l’instant je ne pense qu’à une chose, profiter du moment présent, et surtout faire comprendre à Sae Ho par tous les moyens possibles ce que je ressens pour lui… après ? Un bon cachet d’aspirine, de l’eau à foison, et des sentiments réciproques chez le Coréen me suffiront.

La réaction de Sae Ho m’énerve. Il réagit comme si j’étais un gosse de quatre ans qui avait dit quelque chose de gênant. Certes, je n’ai pas dû le mettre à l’aise, bien au contraire, mais ça m’énerve. J’aurais aimé qu’il soit plus coopératifs… mais comment pourrait-il l’être, lui n’est pas drogué, ni bourré. Il est parfaitement sain d’esprit. Cachant ma déception au mieux, je laisse retomber ma main. « Je suis sérieux. » Je le regarde quelques secondes, avant d’hocher la tête, quand il me propose de me mettre quelque chose sous la dent. « J’veux bien boire quelque chose. » A vrai dire, j’ai même un grand besoin de boire. Je suis déshydratée, peut-être même un peu fiévreux. C’est du à la drogue bien sûr. « Sae Ho… » Non, même drogué, il y a des choses que je ne peux pas faire. Courage, fuyons ! Comme le dit l’adage. Alors que je croise le regard du Coréen, je me rétracte, et sors une banalité sans nom : « Je ne t’ai pas dérangé j’espère ? J’avais besoin de voir quelqu’un… et j’ai pensé à toi. » Crétin que je suis.

looklike Il n'était pas vraiment présentable, là, le Sae Ho. Hormis ses vêtements, qui étaient un minimum repassés et enfilés rapidement - heureusement qu'il n'avait pas sorti de chemise, sinon les boutons seraient mal attachés. Mais il n'était pas coiffé, pas un minimum maquillé, et il se sentait légèrement mal à l'aise. Surtout si c'était Tian Lei son invité. D'ailleurs, il se questionnait sur le pourquoi du comment. Enfin, quelle était la raison de sa venue ? Et pourquoi à cette heure-ci ? Bon, ce n'est pas qu'il était tard, mais, bref. Tant qu'il pouvait s'interroger, Sae Ho était heureux.

Il hochait frénétiquement la tête quand il lui disait qu'il était sérieux. Sae Ho n'y croyait pas vraiment, il était certain qu'il rigolait, se foutait de lui, ou des conneries du genre. Si il était sérieux, cela inclurait beaucoup de choses - qui plairaient au coréen. Mais il ne préférait pas se faire de faux espoirs. Qui sait, il n'était pas tout à fait réveillé, lui aussi ? Ou bien, il était possédé ? Oui, bon, c'est assez étrange comme réflexion, mh. Il se baffa mentalement pour de telles stupidités, avant de relever les yeux vers Tian Lei, à l'entente de son prénom. Il croisa son regard, avant de froncer les sourcils. C'était quoi, cette question.. ? Il haussa alors les épaules, sa bouche en cul de poule. Non, je roupillais juste, mais si c'est toi qui viens me voir, ça ne me gêne pas. Il n'exprimait pas ses sentiments - il disait juste que la visite de Tian Lei ne le dérangeait pas. Il haussa alors les épaules, et lui fit signe de le suivre jusqu'à la cuisine, où il sortit une bouteille de soda, une bouteille d'eau, et une bouteille de jus d'orange. Il se servit un verre de jus d'orange, le sirota, avant de fixer Tian Lei. Sers-toi, hein, fais comme chez toi ! Il lui souriait, encore, puis buvait. Sinon, pourquoi tu avais besoin de me voir ?

Je ne lui réponds pas et me contente d’un hochement de la tête quand il me dit qu’il dormait. Emboitant son pas dans la cuisine, j’avais un mal fou à me retenir de lui passer la main dans les cheveux, de mettre ma tête dans le creux de son cou et de sentir son odeur. Je me contenta finalement de me servir à boire, un soda bien sucré, le buvant sans un mot, jusqu’à ce qu’il me pose une question. Je ne lui répondis pas tout de suite, finissant mon verre d’une traite, le reposant à côté de la bouteille. Puis, finalement, je fis un pas vers Sae Ho, ma main moite allant caresser la chevelure du Coréen. « Je ne sais pas… j’avais juste besoin de t’avoir à mes côtés. » Puis, sans crier gare, ma deuxième main vint se loger sous le tee-shirt du jeune homme. Mon corps était à présent collé au sien. Je ne pouvais m’en décoller. Son odeur m’empreignant, je caressais sa peau douce, sentant sous mes doigts sa fine musculature.

A l’instant présent, peu m’importais des conséquences de mes actes. Je ne réfléchissais plus, seul mon instinct et la drogue me guidait. Mes lèvres approchèrent les siennes, et dans un murmure, je lui dis : « Sae Ho, je t’aime. »

Sae Ho se contentait de boire son jus, pendant que son ami faisait de même - avec ce qu'il avait deviné être du soda. Il était assez patient, niveau réponse. Enfin, ce n'était pas la question de sa vie, le 'pourquoi tu es venu me voir'. Il avait sans doute sa petite idée, et il la laissait mijoter au fin fond de son cerveau. Au fond, il savait qu'il se faisait de faux espoirs. A croire que Tian Lei serait venu pour autre chose qu'une bonne causette entre amis. Il reposa son verra avec une petite moue au visage, l'idée que sa raison soit stupide, digne d'une bonne amitié, l'attristait. Il ne manqua pas de soupirer, avant de relever brusquement, presque brutalement, ses yeux et son visage, vers ceux de Tian Lei. Il papillonna des yeux, sa main dans ses cheveux le surprenant - et ne parlons pas de ses mots. L'avoir à ses côtés ? Bon Dieu de bon Dieu, il savait ce qu'il insinuait, là ? Sae Ho avait le coeur au bord des lèvres, tellement il battait rapidement. Sa main dans ses cheveux, l'autre sur sa peau, son corps collé au sien, et ses mots, lui faisaient voir et ressentir des papillons - ce n'était pas la première fois qu'il avait cette sensation avec un homme, il savait ce que cela signifiait, mais.. Il en était surpris. D'être aussi réceptif aux contacts de Tian Lei.

Et la suite, oh la suite. Il crut mourir sur le coup. Son coeur était stoppé, sa mâchoire grande ouverte, ses yeux aussi gros que deux balles de tennis. Il pouvait sentir son souffle contre ses lèvres, et pas que. Il eut un moment d'hésitation, avant de glisser sa main à l'arrière du crâne de l'étranger. Il prit son courage à deux bras, et scella leurs lèvres, un court instant - qui lui suffit pour prendre conscience que Tian Lei était bien plus qu'un ami. Enfin, il le savait déjà. Mais maintenant, il en était sûr - et certain. Il sourit alors, finement, contre ses lèvres, et y marmonna. C'est pas trop tôt. On va la refaire. Il pouffa, un sourire idiot au visage, tout en se décalant légèrement. Je t'aime aussi, Tian Lei.

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