« ce gamin est gentil. la dernière fois que je l'ai vu, il souriait comme un ange. un grand sourire qui illumine son visage de bébé. franchement, ce n'est pas le genre à sortir en boite ou à faire la fête avec d'autres garçons de son âge. d'ailleurs, je ne l'ai jamais vu  dehors aux heures tardives. il rentre toujours à la même heure chez lui, pour ne pas en ressortir avant le lendemain matin. s'il n'a pas des écouteurs dans les oreilles, il a un livre à la main. cet enfant lit en marchant, je vous jure. il dit bonjour au moindre passant qu'il croise, toujours avec ce même sourire. mon voisin est adorable, poli et si mignon dans sa façon d'être. je jalouse ses parents d'avoir un tel fils! je voudrais le même, haha. » madame kim, la voisine.

« dae ki n'a pas tellement d'ami. à l'école, il s'exclue tout seul. il reste dans son coin, à étudier ou à lire un bouquin. il a du mal à regarder les gens dans les yeux, même quand on lui parle. il est plutôt timide, renfermé et bégaye dès qu'il est gêné. j'avoue, ce gamin est adorable! mais je ne comprends pas pourquoi il a autant changé. avant, quand il était au collège, il était sociable, populaire et si admiré par les autres élèves. franchement, je ne pige pas ce changement radical en seulement quelques mois. c'est dommage, je l'aimais tellement avant qu'il se referme sur lui. » camarade d'école.

« mon fils m'aide énormément à la maison. faut dire, dès qu'il entre de l'école, il s'enferme dans sa chambre pour étudier ou il s'occupe des tâches ménagères à ma place. dae ki est un amour, si gentil, mais j'ai l'impression qu'il est triste depuis la mauvaise nouvelle de sa maladie. il semble comme figé dans le temps, à toujours être la tête dans les nuages. rêveur, ailleurs. il me fait de la peine, avec ce petit sourire perpétuellement collé au visage, alors que je vois clairement que ça ne va pas. pourtant, il ne dit jamais rien. il ne pleures pas, il ne se lamente pas non plus. les autres le pensent fort, mais moi, je sais qu'il va mal quand personne ne le regarde. s'il croit que je ne l'entends pas sangloter dans son lit... je voudrais l'aider, mais je ne peux rien faire pour guérir sa maladie. » madame yoon, sa mère.

Ton déclencheur c'est quoi hm ? :  pas besoin d'un déclencheur pour me pourrir plus l'existence, j'en ai assez de cette foutue maladie qui me ruine le moral de jour en jour -ou de crise en crise- mais parfois, je me dis que j'aurais préféré un déclencheur, un autre moi, que ça. malheureusement, je ne peux rien changer à ma vie. c'est comme ça, et pas autrement.

Ton caractère, il est comment quand t'es pas toi ? : je mange un snicker quand je n'suis pas moi. sans blague, je n'ai qu'un seul et unique caractère, c'est déjà bien suffisant, non ? y a pas d'autre dae ki dans l'histoire, pas de double personnalité, comme aucun déclencheur. je suis juste yoon dae ki, un mec d'une banalité hors du commun.

j'aurai voulu commencer cette histoire par "il était une fois" mais ceci n'a rien à voir avec un conte de fée ou de prince charmant et de princesse en détresse. ou plutôt, je suis le gamin en détresse, justement. ne vous méprenez pas, ma vie n'a jamais été mauvaise. du moins, avant cette nouvelle qui m'est tombée dessus comme une pierre qui dégringole d'un vieux mur en ruine. mais commençons par le début. mes parents sont d'origine coréenne, tous les deux. ils se sont rencontrés à séoul, au collège. d'ailleurs, c'est bien pour cela qu'ils ont réussis à ne jamais se quitter. autant dans la vie privée que professionnelle. mon père est médecin, quant à ma mère, elle est son assistante. si l'un a monté sa propre "entreprise" en ayant son cabinet à son nom, l'autre l'a suivit pour y ajouter sa petite touche de féminité. ainsi, le cabinet yoon ne manque jamais d'ambiance, et les patients sont très charmés par ce petit plus qu'amènent mes parents. mais ce n'est pas leur histoire que je vais vous raconter, bien que j'ai commencé avec eux.

je suis donc né un quinze octobre, à séoul. ce n'est malheureusement pas mon père qui s'est occupé de l'accouchement de sa femme, puisqu'il n'est pas dans ce domaine. mais ça ne l'a pas empêché d'assister à celui-ci! il m'a vu naître et d'après lui, ce fut le plus beau jour de sa vie. avec son mariage et sa nuit de noce, évidement. pour moi... ce n'est qu'un jour dont je ne m'en souviens même pas. un jour raconté par eux, mes parents. ils disent que je ferais sûrement de même avec mes enfants, quand j'aurai trouvé chaussure à mon pied. mais quand on est gamin, la seule chose qu'on sait dire, c'est: "beurk les filles! beurk les bisous!" et oui, j'étais comme ça aussi. pour moi, j'aimais juste leur offrir mon goûter ou parler dessin avec elles. le dessin. une passion depuis gosse. si certains en était encore au stade du rond et du carré, moi, je savais déjà faire un arbre et des animaux. étonnant, non ? surtout quand on a deux ans. plus je grandissais, et plus c'était réaliste. si bien qu'à sept ans, on me félicitait d'avoir dessiné un chien, en détail, réel. sept ans, c'est jeune! depuis cet exploit, on m'a donné le surnom de "prodige". le prodige du dessin. peinture, feutre, aquarelle, fusain ou qu'importe la manière de faire. cela semblait être mon meilleur domaine.

année sur année, je me suis consacré à cela. l'art. j'adorais piquer les craies des professeurs pour redessiner la cour à ma façon. des dessins grandeur nature, un peu n'importe où sur le sol. que ce soit le terrain de foot ou le coin marelle. j'imposais mes œuvres où je voulais, sans demander l'avis à quiconque. sauf que, ce qui semblait être une bêtise, est devenu un spectacle. les parents se bousculaient presque pour voir mes dessins, les admirer, les photographier. ainsi, le prodige montait en grade dans l'estime de la population séoulienne. si bien qu'au bout d'un moment, je passais même à la télé. « un de vinci né! » qu'ils disaient en m'acclamant comme un héro. pourtant, je n'étais qu'un gamin aimant répandre mes idées un peu au hasard, avec mes crayons et mes craies. au fil des années, j'en suis venu à abandonner l'école publique pour entrer dans un établissement privé d'art. je ne suis pas aller au collège normalement comme mes parents. non. on m'a directement inscrit dans une école de beaux-arts. le pire, c'est que je me suis fait à cette vie! j'aimais peindre, dessiner, et même sculpter. je pouvais tout faire de mes dix doigts! j'avais l'admiration de tous, l'attention de tous. la belle vie. mais à force de me croire parfait, dieu m'a ramené sur terre d'un coup de massue.

les premiers symptômes se sont traduit par des légers tremblements des mains, me rendant ainsi incapable de tenir un pinceau pendant deux ou trois minutes. c'était court, à peine remarquable, mais moi, ça me gênait. je perdais mes moyens durant ces périodes de tremblement, et personne ne comprenait pourquoi. les rumeurs se faufilaient parmi les élèves. « le prodige qui n'arrive plus à dessiner correctement. » « le prodige qui s'emmêle les pinceaux. » jeux de mots, mauvaises blagues, railleries. ça a commencé ainsi, mal. après les tremblements, il y a eut des fois où mes jambes ne m'obéissaient plus. elles ne voulaient pas avancer, ou le temps semblait comme ralentis. j'en devenais fou! si au départ je ne disais rien à mes parents, ceux-ci ont vite fait de remarquer le malaise. je n'y arrivais pas. parfois, je n'arrivais même pas à tenir une fourchette plus de cinq secondes. alarmé, mon père m'a forcé à faire des examens, de plus en plus poussé. la peur me serrait le coeur, pour doucement envahir ma vie. verdict ? une maladie héréditaire, une maladie chronique.

parkinson. c'est dur d'avoir un début de maladie à dix huit ans. bien que ce ne soit pas violent, ni énorme à vivre... pourtant, j'ai arrêté la peinture. le dessin m'est devenu finalement impossible. les gens se moquaient de mon talent "perdu", alors que c'est simplement dû à mes tremblements intempestifs. au lieu de ça, je me suis détourné vers la photographie. ce n'est pas un don, je l'avoue, mais ça rattrape un peu la donne. et puis, j'ai changé d'école aussi. j'ai abandonné le domaine, pour n'être que dans une simple section. pourquoi ai-je continué l'art ? peut-être parce que j'espère guérir de cette maladie et pouvoir tenir un crayon plus longtemps. malheureusement, mes parents n'ont pas vraiment d'espoir sur ma foi. ils ne me l'avouent pas directement, mais je vois à leur regard que je suis condamné à me dégrader d'année en année, comme ma grand-mère avant moi. avant sa mort.

je n'ai pas changé depuis phoenix >: je suis toujours spinebreaker, j'ai toujours ving-et-un ans et j'aime encore plus le forum !

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